Ligot. Rien que le nom annonce la couleur : on vient ici pour de l’aligot, ce plat aussi réconfortant qu’un plaid en hiver, cette purée de pommes de terre extensible grâce à un savant dosage de tome fraîche. Un bistrot aveyronnais en plein cœur de Toulouse, Place Saint-Georges ? L’idée est séduisante. Mais dans les faits, ça coince un peu.
Une carte qui part dans tous les sens
Dès qu’on met les yeux sur la carte, une première alerte s’allume. On est où, exactement ? Chez Ligot, donc logiquement on s’attend à une maison qui joue la carte du terroir, avec une identité forte autour de l’aligot et des plats typiquement aveyronnais.
Sauf que… non.
La carte est une immense foire gastronomique où tout le monde est invité. Entrecôte, burgers, saucisses aligot, burger aligot (!), frites, plats du jour sans aligot… bref, ça va dans tous les sens. Un bon restaurant sait ce qu’il veut proposer, un bon restaurant assume son identité. Ici, on ne sait pas trop. Vous venez pour l’aligot, mais vous pouvez aussi repartir avec un burger sans jamais avoir croisé une once de tome fraîche dans votre assiette.
Et dans l’assiette, ça donne quoi ?
L’aligot ? Correct. Il file, il a le bon goût de la tradition, mais il manque ce petit supplément d’âme qui vous donne envie d’enfiler une chemise à carreaux et de prendre l’accent aveyronnais. La saucisse, bonne, hachée trop fine à mon goût, mais correct.
Le jus de viande n’était pas inoubliable, du coup le tout manquait globalement d’impact. Pour un restaurant qui se veut une ode au terroir, on est loin des sensations qu’un vrai bistrot aveyronnais devrait offrir.
Et côté ambiance ?
Autre signal inquiétant : le restaurant était désert le midi en semaine en pleine hiver. Alors certes, tous les concepts ne cartonnent pas forcément à ce créneau, mais pour une adresse censée proposer une cuisine réconfortante et généreuse, c’est plutôt mauvais signe. Un bistrot aveyronnais sans clients un jour de semaine, c’est comme un aligot qui ne file pas : ça sent la frustration.
Un concept qui hésite trop
Le vrai problème de Ligo, c’est qu’il ne va pas au bout de son idée.
Si tu ouvres un restaurant qui mise sur l’aligot, alors joue la carte à fond. Assume le terroir, mise sur des grandes saucisses paysannes, des viandes mijotées, une ambiance chaleureuse où l’on entendrait presque le bruit des marchés de Rodez. Mais là, avec un menu on a l’impression d’un concept qui se cherche, qui veut plaire à tout le monde et qui, au final, ne marque personne.
Verdict : une identité en chantier
L’idée de départ était bonne : proposer une adresse centrée sur l’aligot en plein Toulouse. Mais l’exécution est trop brouillonne, la carte manque de cohérence, et l’expérience en salle n’arrive pas à captiver. Dommage, car il y avait un potentiel énorme.
Ligot a-t-il encore le temps de rectifier le tir ? Peut-être. Mais il va falloir choisir : soit ils assument un vrai concept autour de l’aligot et du terroir, soit ils restent un bistrot à la carte longue et confuse… et risquent de disparaître aussi vite qu’un fil d’aligot trop cuit.
Les plus : on peut manger un aligot
Les moins : on n’y retourne pas
14 Pl. Saint-Georges, 31000 Toulouse
✌️